Un des descendants de Tonnance férréolLes demeures campagnardes  du préfet des Gaules, Tonance Ferréol et de la famille du sénateur Sidoine Apollinaire (Vème ap. J.C.)

 

En début du livre j’ai émis quelques réflexions sur la position des somptueuses villas de Tonance Ferréol (Préfet des Gaules) : Prussianum,  et celle de la famille du Sénateur Sidoine Apollinaire : Voroangus. L’exploitation récente de nouveaux documents vient sérieusement étayer ces réflexions et me permet assurément de pouvoir positionner Prussianum comme étant Russan. Russan étant positionné, reste à localiser Voroangus. Nous savons par les lettres que ces villas étaient voisines. Et que le gardon limitait ou séparait les deux propriétés.  La distance qui les sépare, est telle qu’elle fatiguerait un homme à pied et pas suffisante pour seller un cheval. L’une domine des plaines plantées de vignes et d’oliviers, l’autre a vue sur des forêts. Or en décortiquant Voroangus, on arrive à fixer cette villa non loin des gorges du Gardon. Voro signifie dévorer, engamer voire engouffrer et anguste gorges étroites ravinées. Et qu’avons-nous sur le territoire de Ste Anastasie ? Des gorges étroites. Qu’avons-nous à proximité des gorges étroites ? Un gouffre énorme : le gouffre des Espéluques. Que peut-on en conclure ? Voroangus se situe quelque part entre Dions et Ste Anastasie à proximité d’un gouffre et de gorges étroites. Cela aussi correspond à la description du chemin qui amenait de Nîmes à Voroangus aussi bien en notion de distance que sur le profil (Chemins sinueux traversant des combes).  De plus cela colle terriblement aux personnages de l’époque.

Commençons par les “Apollinaire”.

Le grand père Apollinaire est un très grand propriétaire foncier. En 407 il est “Préfet du prétoire des Gaules”. Son fils obtiendra les mêmes honneurs en 448-449. Le propriétaire de Voroangus, sénateur, limitera son influence aux territoires d’Uzès et de Nîmes. Il quittera le pays lors de l’invasion des Wisigoths en 471. C’est par son neveu Sidoine Apollinaire, écrivain et habile politicien, que nous connaissons la présence et la description de ces deux domaines grâce à de nombreuses lettres échangées avec son oncle et ses amis et cousins Ferréol. De tribun en 455, il passe comte en 460, puis sénateur et préfet de Rome  en 468. Il est élu évêque de Clermont Ferrand en 472. En outre il avait épousé la fille de l’empereur Avitus en 450. Lors d’un périple en Gaule en 465, il séjourne à Voroangus chez son oncle. Il va souvent traverser le gardon pour rendre visite à son cousin et ami Tonance Ferréol.

Passons aux Ferréol. Tonance Ferréol est le petit fils du célèbre Flavius Afrianus Syagrius, (Proconsul d’Afrique en 371, Préfet de Rome en 381 et préfet du Prétoire d’Italie en 382). Pour Sidoine, Tonance est l’égal de son grand-père Syagrius qu’il admire. Tonance est Préfet des gaules en 450-451. Il participe aux plus hautes affaires de Rome. Il épouse la nièce de l’empereur Avitus.  En 464, il prend pour résidence principale son domaine de Trévidon (St Laurent de Trèves dans le nord ouest de notre département). Mais il revient souvent à Prussianum sur les bords du Gardon.  Il y accueillera son cousin Sidoine en 465. Sidoine relatera son séjour dans de nombreuses lettres fabuleuses. Il y décrit particulièrement la bibliothèque de Tonance. Cette bibliothèque est considéré par les spécialistes de notre époque, comme étant la première plus grande bibliothèque connue en France. Malheureusement après les grandes invasions successives que connaît notre région à cette époque, il ne restera plus rien de ces villas. Enfin presque…………. Les envahisseurs de l’époque ont du particulièrement s’acharner sur ces demeures du fait des fonctions de leurs propriétaires.

Revenons aux Ferréol. Cette famille va fournir à Uzès ses premiers évêques (Rorice, Firmin et St Ferréol) ainsi que ses premiers nobles. Les évêques d’Uzès vont prendre le monopole de la région et en assureront l’administration pendant plusieurs siècles.

Les deux domaines Voroangus et Prussianum sont certainement à l’origine de deux autres domaines connus plus tard en 896 : Campagnac (Campaniaco ou Campagnacum) et Marbacum (Marbaco). Ce dernier certainement à l’origine de Ste Anastasie en 951. La boucle est bouclée.